Date de parution : 06/03/2025

Résumé : La déconstruction d'un concept clé du féminisme d'aujourd'hui, la sororité, devenue outil de silenciation des femmes minorisées par les femmes privilégiées.Depuis la résurgence du mouvement #MeToo, la sororité est désignée comme un outil de libération pour les femmes. Un concept fédérateur, salué par des femmes du monde entier : en sororité, la lutte contre la phallocratie est possible, par l'union sous une voix commune. Grâce à leur genre d'appartenance, les femmes demeurent solidaires, en amitié, au travail, dans le métro.Mais la sororité ne serait-elle pas qu'une utopie ? Au nom de quelle réalité les rapports entre femmes échapperaient-ils aux biais d'une domination de classe, de race, ou de genre ?Si, dès la deuxième vague féministe des années 1970, des tensions au sein de mêmes groupes de femmes étaient déjà bien en germe et généraient des ruptures, les mouvements sociaux des années 2010, qui ont permis la libération de la parole des femmes face aux violences sexistes et sexuelles, ont attesté que non, décidément, les femmes n'étaient pas toutes sœurs. Bien que les femmes fassent front ensemble pour réclamer plus de droits ou de justice sociale, celles qui sont les plus ostracisées se retrouvent toujours en rade : les plus précaires, originaires de quartiers populaires, immigrées, non-hétéros, racisées, non-cis... En décortiquant les manières de " vivre en sororité ", la journaliste Christelle Murhula démontre qu'il ne saurait exister de solidarité entre toutes les femmes, et analyse comment, d'un outil politique, la sororité est devenu un outil mercantile, au détriment d'autres femmes. Sororité libératrice ou sororité oppressive ?