
"Il faut faire confiance à la justice"
Editeur(s) LA MEUTE
Date de parution :
06/03/2025
Série(s) :
PERMIS DE DECONSTRUIRE
Résumé :
Enfant, il suffisait qu’on me dise « Il faut souffrir pourêtre belle » ou « Il faut goûter pour savoir si on aime » pour que je préfèreencore être moche et perde toute envie de toucher à mon assiette. Alors « Ilfaut faire confiance à la justice »… Pensez ! Pourtant, peut-être parceque j’avais envie de croire en elle, je suis devenue avocate. Et aujourd’hui,je me demande à quelle catégorie sociale protégée, à quel corps bienheureux ilfaut appartenir pour pouvoir dire, en matière de violences sexuelles, « Moi, jefais confiance à la justice ». Comment faire confiance à une justice qui commence presquesystématiquement par mettre en doute la parole des plaignantes ? Depuis #MeToo,les plaintes pour viol sont passées du simple au double. On estime que 94 %d’entre elles sont classées sans suite. Que 65 % des victimes de féminicideavaient saisi les forces de l’ordre ou la justice. Et que la vaste majorité desenfants ayant rapporté des violences sexuelles sont laissés sans protection.Le parcours judiciaire est semé d’embûches pour les victimesque j’accompagne. Et quand je dis « embûches », j’euphémise, probablementpour me tenir à distance des innombrables maux que suscitent ces procédures.Découragement, lassitude, épuisement, victimisation secondaire, réactivationdes traumatismes, colère, rage, incompréhension, désespoir, dépression,sidération… Jusqu’à la mort, parfois. Dans les cas où justice est rendue, onn’hésitera pas à crier à la moralisation de la société, aux hommes qui ne pourrontbientôt plus prendre un ascenseur avec une femme, aux féministes qui vont troploin et aux avocates féministes qui veulent piétiner la présomptiond’innocence. Le reste du temps, la petite phrase « Il faut faire confianceà la justice », comme une ritournelle, continue de faire le tour de Francedes propos de comptoir.Il faut bien s’efforcer, pourtant, de construire cetteconfiance en la justice. Parce que c’est elle qui pourra permettre de modifierdurablement la loi d’airain de la domination masculine. Nous qui avançons dansnotre fragilité extrême, qui tentons de déconstruire pour reconstruire, nousn’avons pas que nos larmes ou nos hurlements, contrairement à ce que l’onentend. Nous avons aussi des choses à apprendre aux personnes qui pensentaujourd’hui ne pas nous ressembler, qui sont écœurées quand elles entendent lemot « victime ». Nous avons beaucoup de force et de ressource. Etnous avons notre humanité.(Permis de déconstruire N02. Sticker et emballage cadeau inclus.)
Disponible
11.50 €
Fiche technique
Ean :
9782488115025
Rayon(s) :
Pages :
104
Poids :
111 g
Hauteur :
185
cm
Largeur : 121 cm
Epaisseur : 8 cm
Largeur : 121 cm
Epaisseur : 8 cm